transport et parfum :
les premiers échanges
Les parfums sont des grands voyageurs qui n’aiment pas voyager. En effet, les plantes à parfum, avant d’être traitées dans les usines, n’apprécient pas la chaleur, l’humidité et l’entassement que peut procurer le transport.
De même, le parfum supporte mal les variations de température et la lumière qui peuvent l’altérer. À chaque étape du processus de commercialisation, les adhérents de Grasse Expertise prennent en compte ce facteur déterminant dans la qualité olfactive des produits et le respect de l’environnement.
Les transports Galot sont un bel exemple de ce double engagement. Fondée en 1956 à Grasse, l’entreprise de transport est investie auprès des acteurs de la parfumerie, partout en France et en Europe, depuis plus de cinquante ans, en s’adaptant en permanence aux évolutions de la filière.
Cette question du transport est en effet au cœur des problématiques de la parfumerie depuis les origines du parfum. En 1931, Gabriel Mazuyer, historien de la parfumerie, conte ainsi les premiers échanges : « Au cours des âges, un très long espace de temps a été nécessaire aux hommes épars sur la surface du globe, pour se découvrir les uns les autres. Les marchands, avant les missionnaires, furent les premiers découvreurs (…) À cause de l’incertitude des voyages de mer, des entraves que sont les ruptures de charges sur les voies de terre, les échanges au loin, naturellement portèrent d’abord sur des matières, précieuses sous un petit volume ; avant même les routes de l’étain et de la soie, il y eut celles des Épices et des Parfums, parce que ces substances réservées à l’origine aux dieux, comptaient parmi les plus somptueuses »*
En effet, le parfum a mobilisé à travers l’histoire tous les moyens possibles de transports en amont et en aval de la filière, des premières expéditions à cheval des Égyptiens pour atteindre le Pays de Pount (actuel Ethiopie) afin d’en extraire l’encens et la myrrhe 2500 ans avant Jésus-Christ aux bateaux-usines grassois destinés à distiller le bois de rose guyanais directement sur le fleuve au début du xxe siècle ; du réseau commercial de parfums à travers la Méditerranée de l’Empire romain au transit maritime et aérien international du xxie siècle. Sur le dos, à dos d’âne, en voiture, en camion, en bateau, en train, en avion, les parfums sont des voyageurs précieux qui connectent les Hommes.
En savoir plus :
Cocoual Mathilde, Aux sources des parfums. Industrialisation et approvisionnement de la parfumerie grassoise, thèse de doctorat en Histoire sous la direction de Xavier Huetz de Lemps, Université Côte d’Azur, 2018, 420 p. Disponible en cliquant ici.
Annik Le Guérer, Le Parfum : des origines à nos jours, Odile Jacob, 2005, 406 p.
Photo : Vue d’une cargaison de lavande, par Paul Charloin, 1922 – Coll. Musée International de la Parfumerie, Grasse – France, n° 04_02628.
* MAZUYER Gabriel, « Les parfums de la France dans les cinq parties du monde », Les Parfums de France, n°102, août 1931, p 249-252, p. 249.