un peu d’histoire
Un savoir-faire enraciné
Sur la Côte d’Azur, dans le département des alpes maritimes, le Pays de Grasse est connu comme un territoire fleuron de la parfumerie Française. Aussi, en arrivant par la route, le panneau « Grasse, Capitale mondiale des parfums » annonce la reconnaissance de ces savoir-faire emblématiques dans l’art de fabriquer les parfums aujourd’hui reconnue patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Il s’agit d’une tradition et d’une expertise artisanale puis industrielle qui remonte au XVe et XVIe siècle à l’origine pour parfumer les peaux tannées. En 1616, le roi reconnaît la corporation des « gantier-Parfumeurs ». Le cuir de Grasse obtenu par macération dans le myrte est alors réputé par-delà les frontières mais peu à peu l’industrie du parfum prend le pas et l’activité artisanale devient une industrie en pleine essor.
A partir de 1850 et grâce à une demande grandissante, les usines aux longues cheminées de briques fleurissent dans la cité et les campagnes du bassin grassois se couvrent de champs de fleurs. Grasse compte alors 45 sociétés divisées en 3 catégorie : les cultivateurs de plantes, les courtiers en fleurs et les industriels. Vers 1875, on dénombre 65 sociétés.
Au fil du temps les hommes et les femmes se sont ainsi appropriés de multiples compétences et connaissances liés au monde végétal, aux pratiques horticoles, aux procédés de transformation de la matière première, à la formulation et à la production. Le Pays de Grasse et la production de fleurs se développent fortement en pleine révolution industrielle.
Terroir d’exception et limites territoriales
Le Pays de Grasse est aujourd’hui étendu à 23 communes. Grasse fait aujourd’hui parti du département des Alpes-Maritimes mais savez-vous qu’il n’en n’a pas toujours été ainsi ? En effet, en 1790, Grasse appartenait au Var dont elle fut d’ailleurs le chef-lieu de 1793 à 1795. Puis, le traité conclu entre Napoléon III et Cavour rattache en 1860 le Comté de Nice à la France, créant le nouveau département des Alpes-Maritimes avec l’adjonction de l’arrondissement de Grasse.
Innovation et essor économique
Les plantes cultivées sont distillées et des procédés nouveaux comme l’enfleurage à froid sont élaborés dès 1750 pour absorber les molécules odorantes des fleurs délicates comme le jasmin, la rose, la tubéreuse ou encore la violette.
Pendant plus d’un siècle l’industrialisation des procédés de fabrication permet de perfectionner les savoir-faire et les techniques traditionnelles d’extraction et de distillation ; Il en résulte un abaissement des coûts de production et une simplification des procédés qui permet également l’exportation de la culture à l’étranger avec pour résultat une augmentation nette de la demande et des quantités de productions. La maîtrise de savoir-faire techniques et économiques sera le fondement de l’essor de l’industrie aromatique à Grasse qui importe et exporte à travers le monde entier et acquiert le monopole des matières aromatiques.
Un pôle d’excellence au cœur de la concurrence mondiale
La parfumerie est cœur du paysage culturel, social et économique du Pays de Grasse qui est un pôle mondial de la parfumerie jusqu’au début des Trente Glorieuses ; La production de fleurs passe d’un volume de 600 tonnes en 1905 à une production annuelle autour de 5000 tonnes pendant les années 40.
Puis à partir des années 50, la concurrence mondiale sur des produits de synthèse ou plus compétitifs en provenance notamment de la Bulgarie, de l’Inde, de l’Egypte ou encore de l’Ukraine freine considérablement la production locale sur des produits emblématiques tels que la rose, la lavande, le jasmin.
L’industrie se réorganise et effectue une diversification grâce à son savoir-faire enraciné qu’elle redéploie sur d’autres expertises connexes pour devenir un pôle aromatique. Aujourd’hui, malgré une forte concurrence mondiale, l’innovation et l’amélioration continue des savoir-faire traditionnels a permis une transition et le déploiement d’un cluster industriel hautement spécialisé qui adresse à la fois les marchés de la parfumerie, de l’agro-alimentaire, de la beauté et de la santé.
Malgré toutes les turpitudes économiques et les différentes intégrations et rachats, le corps industriel en Pays de Grasse est relativement constant depuis le XIXème siècle grâce à une très forte adaptation aux différents marchés mondiaux. Ainsi sur les 10 plus grandes sociétés mondiales, 6 sont ou ont été implantées sur le bassin Grassois.
La transition s’est faite au dépend de la culture locale de plantes à parfum qui ne représente plus qu’une trentaine de tonnes de production par an au début des années 2000. De nos jours, la production se situe autour de 40 tonnes par an grâce à des partenariats associant grandes marques et cultivateurs mais aussi par la volonté farouche d’acteurs territoriaux qui ont agi pour libérer du foncier dédié à l’agriculture et favoriser la transmission de savoir-faire spécifiques.
Sauvegarde et rayonnement des savoir-faire pour un territoire durable
La marque territoriale Grasse Expertise et de nombreux acteurs se mobilisent dans le cadre d’une démarche globale de valorisation de ces savoir-faire multigénérationnels et de promotion des cultures de plantes à parfum, aromatiques et médicinales répondant aussi à des enjeux de développent durable.
Fort de cet héritage inestimable, de nombreuses expertises tirent encore leurs racines de savoir-faire historiques ; Leur amélioration permanente et leur interconnexion (culture, sourcing et transformation de la matière première, formulation, production, qualité, R&D, distribution, biotechnologie) permettent d’adresser différents marchés en pleine évolution de la parfumerie, de l’agro-alimentaire, de la cosmétique, de l’hygiène ou encore du secteur Santé et Bien-être.
Le Pays de Grasse est ainsi devenu le siège d’un écosystème complet favorisant l’implantation et l’innovation d’entreprises ainsi que le développement de projets innovants et responsables liés à ces filières d’excellence.